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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 février [1837], dimanche matin, 8 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien aimé, as-tu bien dormi ? Moi, c’est une horreur. À 4 h. du matin je n’avais pas encore dormi, et voilà déjà longtemps que je suis réveillée, aussi j’ai un mal de tête horrible, c’est une chose incroyable que cette difficulté à dormir, mais qui me fatigue et me fait beaucoup souffrir. Je vais prendre un bain tout à l’heure. Peut-être cela me calmera et me rafraîchiraa un peu. Depuis que tu viens passer une partie de tes soirées avec moi, je suis heureuse, je suis contente, je suis joyeuse : c’est que c’est si charmant de te sentir là, auprès de moi, de savoir que je peux à toutes les secondes regarder ta belle figure, caresser tes doux cheveux, sentir et presser ta main, respirer et humer ta fraîche haleine et baiser ta bouche adorable, c’est bien plus qu’il ne m’en faut pour me faire délirer.
Jour, onjour, onjour, onjour.
Dites donc, il fait bien beau aujourd’hui, je dis ça seulement en passant, sans avoir l’air, parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver ; car enfin si la garde nationale se mêlait dans les [houilles  ? nouilles  ?], il est probable qu’on serait très embarrasséb pour retrouver les patrouilles qui pourraient s’être changées en citrouilles. C’est ce qui fait que la loi sur la disjonction a besoin des sirops de pointes d’asperge et d’un beau temps comme celui-ci, pour faire son chemin dans les salons de la présidence. Ceci une fois posé, je peux sans inconvenance vous assurer de tout mon amour, de tout mon respect et baiser vos cheveux un à unc, y compris tous les poils de la barbe et autres attributions plus au moins viriles.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 211-212
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « raffraichira ».
b) « embarassé ».
c) « un un à un ».


26 février 1837, dimanche soir, 8 h.

Anniversaire de la naissance de M. Toto Victor Hugo dans la 35ème année de son âge
Vous comprenez, mon cher petit homme, que je ne peux pas donner dans le [illis.] du mois de mars. Si c’était avril, encore, passe, je l’aurais pris pour un poisson. Mais le mois de mars, du tout. Je m’en tiens aux premiers renseignements, qui sont les bons, vous avez aujourd’hui 35 ans très fleuris et je m’en réjouis, je vous trouve très bienvenu pour votre âge, on vous donneraitb même DAVANTAGE si vous n’étiez pas si modeste.
Je vous aime, mon Toto chéri, et vous le savez bien et vous n’en êtes pas plus fier pour cela. Je vous donnerais ma vie que cela vous serait encore bien égal, tant vous êtes sûr que je ne ferais là que la chose que je désire le plus au monde et vous avez raison.
Je suis débout, mais en vérité je n’en suis pas mieux, ma tête ne tient pas sur mes épaules, j’ai je crois un peu de fièvre, car je n’ai pas le moindre désir pour le fameux Lapin dont je sens la fumet d’ici, ce qui est un très mauvais signe. Je vais tâcher de copire votre petit bijou de ce soir, quoique ma tête se fasse bien prier. Heureusement que j’ai le cœur bon.
Si vous êtes bien bon et bien Toto, vous viendrez ce soir de très bonne heure en l’honneur du 26 FÉVRIER qu’il ne faut pas bouder car depuis 4 ans il n’a jamais manqué de nous donner du bonheur. Aussi je t’aime autant que vous ce bon petit 26 février de 1837. Venez, je vous attends. Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 213-214
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « fleuri ».
b) « donnerais ».

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