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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 27 juillet 1860, vendredi matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon pauvre cher adoré. Bonjour. Comment s’est comporté ton clou [1] cette nuit ? As-tu pu dormir un peu ? Tu viens d’ouvrir ta fenêtre et mon âme s’est précipitée vers toi comme si elle allait pouvoir y porter mon corps. Hélas ! La distance n’est pas le seul obstacle qui nous sépare, il y a encore et surtout le préjugé qui me force à rester loin de toi inerte et impuissante quand tu as besoin de mes soins ou qui t’oblige à les venir chercher au risque d’augmenter ta souffrance par la fatigue du déplacement au lieu de la diminuer. C’est dans des moments comme celui-ci, mon pauvre adoré, qu’on sent tout ce qu’il y a d’injuste et d’inhumain dans ce faux respect humain qui force deux êtres comme nous qui s’aiment indissolublement à vivre séparés l’un de l’autre. Tout cela est bien triste mon pauvre adoré mais je ne m’en plaindrais pas si je ne sentais pas que tu souffres et que tu as besoin de soins. J’espère pourtant que Dieu aura pitié de nous en éteignant le plus tôt possible, sans danger pour ta santé générale, ce méchant furoncle sournois qui, jusqu’à hier, affectait des allures bénignes. Mon pauvre adoré je t’attends avec toute la sollicitude, toute la tendresse et tout l’amour de mon cœur.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 197
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Hugo souffre d’un furoncle dans le bas du dos.

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