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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 mai 1860

Guernesey, 20 mai 1860, dimanche matin 7 h.

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour dans mon amour, dans mon bonheur et dans ma reconnaissance, bonjour. Ma première pensée en m’éveillant était à toi, comme toujours, et mes premiers baisers ont été pour ta chère lettre quand Suzanne me l’a remise tout à l’heure. Cher bien-aimé tu sais tirer parti de tout, même de ma susceptibilité irritable et presque maladive, pour en consacrer notre amour comme si les larmes étaient l’eau lustrale de l’âme et comme si la douleur était l’aliment nécessaire du cœur. Je te remercie de ton ingénieuse et bien tendre indulgence, mon cher adoré, mais je tâcherai d’en abuser le moins possible par une égalité de caractère qui n’est pas dans ma nature, hélas ! mais que je trouverai peut-être en t’aimant tous les jours davantage ou du moins en m’y appliquant car je sens que je t’aime autant que le cœur et l’âme peuvent aimer en s’y consacrant tout entiers.
Hier encore, mon pauvre bien-aimé, nous avons été tout prèsa de nous blesser à propos de [illis.] et à cause de l’exagération naturelle et venimeuse de [illis.]. Heureusement que tu as été bon et patient, comme toujours, et que tu m’as donné le temps de comprendre les raisons de ton indulgence et de ta sympathie pour lui, [illis.]. Tu as bien voulu comprendre que je n’avais contre ce bonhomme [illis.] aucune malveillance caractérisée ni aucun grief personnel sinon un peu d’éloignement pour ses balourdises anti-françaises. Du reste je reconnais que tu as raison de réagir comme tu le fais contre la rancune [illis.] et je te promets de t’y aider autant qu’il sera en [illis.] fois que l’occasion se présentera de parler de [illis.]. Je t’assure que cela ne me sera pas plus difficile vis-à-vis de moi que vis-à-vis de [illis.] car je n’ai aucun parti-pris de haine contre [illis.] vous donne le droit à [illis.] de penser que je lui fusse hostile. Tout cela est bien long dans un [illis.] que je voulais ne remplir que de baisers et de tendresse mais c’est un malheur de mon ignorance de dire cent mots sans parvenir à exprimer ce que je pense. Heureusement que le mot je t’aime est tout d’une pièce [illis.] mon cœur et n’a pas besoin d’explication.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 118
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « prêts ».

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