Guernesey, 5 juin [18]70, dimanche matin, 6 h.
Bonjour, mon ineffable adoré, bonjour. J’espère que tu as bien dormi. Moi aussi j’ai très bien dormi. Je vois avec joie que le beau temps continue. Encore deux jours de patience [1] et nous ne craindrons plus rien pour tes chers voyageurs. Je pense que tu me permettras d’aller au devant d’eux mardi matin. Quitte à revenir à pied seule si le carrosse est trop plein. Peut-être Suzanne désirera-t-elle souhaiter la bienvenue, au débarquer de son amie Philo [2]. Si tu n’y vois pas d’inconvénient, je la laisserai aller, elle aussi. En attendant je commence déjà mes embêtements hebdomadaires du dimanche. Ce n’est pas la dévotion qui pique mes deux créatures c’est une espèce de danse de Saint-Guy qui se communique même aux meubles et aux ustensiles de la cuisine. Quelle activité enragée ! Enfin il faudra bien que cette belle ardeur se calme quand la messe sera avalée. Est-ce que tu n’iras pas demain en ville pour les petites choses qui te manquenta encore ? Tu serais bien gentil de me le dire dans le cas où tu voudrais m’emmener pour que je me tienne prête. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 156
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « manque ».