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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 juin 1872

Paris, 21 juin [18]72, vendredi matin, 7 h.

Bonjour, mon bien-aimé, ma pensée et mon cœur ont de la peine à aller au-delà de ce mot : Bonjour, et il ne faut rien moins que la crainte que tu te méprennes sur son laconisme triste et tendre pour me forcer à barbouiller jusqu’au bout ce pauvre petit morceau de papier. Je te laisse maître de choisir l’heure d’aller à Saint-Mandé [1]. Du moment où tu as vu de l’inconvénient à m’y laisser aller seule à six heures du matin, je n’ai pas de préférence pour aucune autre heure de la journée que celle qui te conviendra le mieux. Ce n’est pas sans chagrin et sans inquiétude que je te vois te livrer tout de suite après ton dîner à des colères blanches qui peuvent compromettre sérieusement ta santé. En général je trouve que tu te dépenses beaucoup trop depuis que nous sommes à Paris ; quel que soit le capital de force et de santé thésaurisé par toi pendant tes vingt ans d’exil, tu en verrais bientôt la fin si tu le prodiguais souvent comme tu l’as fait hier. Le génie, pas plus que la cruche, ne peut abuser de sa fonction sans se casser ou s’emplir d’amertume. Je te demande pardon de ce gribouillage morose mais il n’en peut pas sortir un autre de moi aujourd’hui.
Je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 177
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1Sur la tombe de Claire Pradier, morte le 21 juin 1846.

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