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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 mai 1870

Guernesey, 22 mai [18]70, dimanche matin, 6 h. ½

Cher bien-aimé, je t’envoie mon bonjour le plus tendre et le plus joyeux, aussi, pourvu que ta nuit soit à l’unisson de la mienne qui est parfaite. C’est encore aujourd’hui, et plus que jamais, ma fête car je ne me lasse pas de relire et de rebaiser ma chère petite lettre et d’admirer ton splendide miroir. Il en sera de même encore et toujours tant que j’aurai des yeux pour voir et mon cœur pour sentir. J’ai bien regretté l’incident bête d’hier qui m’a privée du bonheur de t’entendre lire les vers que tu viens d’envoyer au Rappel. Cette primeur se serait ajoutée à toutes les merveilles d’hier et nous aurions eu une soirée charmante au lieu de voir pleurer cette pauvre Mme Chenay qui s’en prend à ses yeux des bêtises de son esprit. Enfin j’espère encore que ce n’est que partie remise et que tu voudras bien nous prendre en pitié toutes les deux en nous lisant ce soir même [1]. Je te promets, quant à moi d’être bien sage.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 142
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

Notes

[1Depuis plusieurs jours, Juliette réclame à Hugo une lecture des nouveaux Châtiments.

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