Guernesey, 29 août 1860, mercredi matin, 7 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, amour, bonheur. Comment vas-tu ce matin, mon grand cher petit homme ? Es-tu content de ta soirée ? Tout s’est-il passé à souhait pour tout le monde ? La comédie et les comédiens ont-ils été aux nues ? L’Ambigu… comique [1] et joyeux s’est-il prolongé très avant dans la nuit [2] ? à quelle heure t’es-tu couché, mon cher petit bien-aimé ? As-tu bien dormi ? Sans agitation et sans fatigue ? As-tu pensé à moi ? M’as-tu aimée ? THAT IS THE QUESTION à laquelle mon cœur, mon âme, mon corps répondent pour toi trois gros OUI ! OUI ! OUI ! Quant à moi, mon cher adoré, l’emploi de ma soirée a été bien simple et s’est borné à t’attendre dans mon lit jusqu’à onze heures en t’aimant de toutes mes forces et j’ai assez bien dormi le reste de la nuit. Voilà, mon cher adoré, le compte-rendu fidèle de l’emploi de mon temps et de mon cœur depuis que tu m’as quittée hier au soir. J’espère que de ton côté tout s’est très bien passé et que tu es content et heureux de la joie et du bonheur universels de ta famille et de tes hôtes [3] , voire même de tes AUTRES car cette variété existe chez toi autant et plus que partout ailleurs. Tu me diras tout cela tantôt quand je te verrai. D’ici là dors bien, repose-toi bien, aime-moi PLUS QUE BIEN et viens le plus tôt que tu pourras. Je t’attends cœur et âme dehors.
BnF, Mss, NAF 16381, f. 226
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « aimé ».
b) « quitté ».