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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 15 nov[embre] [18]72, vendredi matin, 8 h.

Cher adoré, mon bonjour a l’oreille basse ce matin et c’est à peine s’il ose se montrer. Ce n’est pas pourtant que mon cœur soit en faute mais bien ma fichue nuit qui est cause que je me suis levée à cette heure indue. C’est égal, j’en suis humiliée et contristée autant que si j’avais consenti à cette lourde paresse. Une autre fois je tâcherai d’être plus vigilante. Comment as-tu passé la nuit, mon cher grand bien-aimé ? Ton signal [1] ne me le dit pas. J’espère que ton accès de mécontentement et de chagrin contre Mme Charles ne t’aura pas empêché de dormir. Hélas ! Je n’ai pas assez de confiance dans cette espérance pour ne pas être tourmentée des suites que peuvent avoir eu l’incident d’hier soir sur ta nuit. J’attends avec impatience l’heure de te voir pour savoir au juste comment tu es ce matin. En attendant, mon cher adoré, je demande à Dieu de trouver le moyen de te rapprocher au plus vite de tes chers petits-enfants ici oua là-bas, pourvu que tu sois avec eux dans les meilleures conditions pour ton bonheur.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 316
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « où ».

Notes

[1Voir Torchon radieux.

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