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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 14 juillet [18]72, dimanche matin, 8 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, j’espère que tu as passé une bonne nuit et tes deux chers petits aussi. Je serais bien curieuse de voir si le citoyen Flameng a réussi leurs adorables petites têtes, mais il est probable que je ne les verrai qu’en même temps que le public lorsque L’Année Terrible illustrée paraîtra [1]. Je croyais qu’il avait été convenu que c’était sur tes genoux que ce ravissant petit groupe devait se trouver, me suis-je trompée ? Quoi qu’il en soit c’est aujourd’hui l’anniversaire de la prise de la Bastille qui a son écho à huit jours de distance par ta fête, saint Victor, qui est la fête de toutes les fêtes et qui persistera dans la mémoire des hommes, de siècles en siècles autant que ton œuvre sublime entre toutes durera. Ma pensée bégaie en parlant par ma plume mais mon cœur t’admire et te vénère couramment et sans hésitation. Nous avons passé une soirée charmante hier chez les aimables Edmond Adam. Cependant je préfère et je préfèrerai toujours notre petit comité et nos chers et doux tête à tête. Tant pis si cela vous fâche.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 200
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le peintre L. Flameng avait comme projet de réaliser des portraits de Hugo et de sa famille ainsi que des gravures pour l’édition illustrée de L’Année Terrible qui paraîtra en 1874.

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