Paris, 9 juillet [1872], mardi, 1 h ¾ après-midi.
Que tu es bon, mon grand bien-aimé, d’être venu me voir et de m’avoir amené Petite Jeanne tout à l’heure. Mais quel danger ces deux chers petits êtres ont couru hier ! Cela [me] bouleverse rien que d’y penser. Pauvre Petit George et pauvre Petite Jeanne, je remercie Dieu que vous en soyez quittes tous les deux pour vos bosses et vos meurtrissures à la tête et à l’œil car vous pouviez vous tuer, chers petits imprudents. Cet avertissement trop sévère pour vous redoublera je l’espère la surveillance de vos bonnes. En attendant, voilà le pauvre Flameng arrêté court dans son élan de portraitiste jusqu’à ce que vos deux jolies petites figures soient revenues à leur splendeur naturelle. À ce propos je suis plus que jamais de l’avis du « bon Josuah [1] » si jamais on m’y reprend, à poser, on sera bien malin ah ! Mais non ! oh ! Mais non ! de non ! De non ! C’est déjà trop d’une fois. Et dire qu’il faut encore crever de chaleur par dessus le marché c’est à s’en fiche à l’eau et à y rester jusqu’à ce que la rivière prenne. Je ne sais pas comment nous ferons pour supporter la température du Théâtre Français ce soir malgré la réfrigérante Andromaque et tous sesa complices en tragédie [2]. Heureusement nous suerons de compagnie.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 195
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « ces ».