Guernesey, 3 janvier [18]70, lundi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon grand petit bien-aimé, bonjour. J’espère que tu pionces encore malgré la présence inamovible du ton signal [1]. Où en est ta douleur ce matin ? Ta nuit a-t-elle été complètement bonne ? M’aimes-tu ? Trois questions dont je voudrais connaître les réponses. En attendant je constate que le temps, quoi que toujours très humide, est parfaitement doux. Jusqu’à présent je n’ai pas beaucoup profité car mes nuits sont assez tourmentées, cette dernière, surtout, mais j’en fais bon marché à la condition que la tienne ne me laisse rien à désirer. J’enverrai Suzanne dès que je croirai qu’il fait jour dans tes EN BAS, chercher tes nouvelles. Cher adoré, que tu es bon ! J’éprouve le besoin de te le dire une fois de plus pour ta nouvelle générosité envers Madame de Montferrier, laquelle en use et en abuse, hélas ! Jusqu’à m’en faire rougir. Je baise ta main charitable et prodigue.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 4
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette