10 septembre 1861

Guernesey, 10 septembre 1861, mardi matin 8 h. ½

Bonjour, mon cher adoré, bonjour. J’espère que tu te portes aussi bien ce matin que je t’aime et que tu as dormi d’autant mieux que tu t’es couché plus tard. Je ne sais pas à quoi tu occupes ton temps en me quittant mais je sais que je me couche le plus souvent sans avoir aperçu de lumière chez toi et pourtant je fais bien des choses après que tu m’as quittée jusqu’au moment où je me couche. Mais si tu dors bien et si tu es honnête homme je n’ai pas besoin d’en savoir davantage. À propos le bon mouvement de Miss Allix est en train de tourner casaque et je crois que nous en serons pour une fausse espérance. Sur ma proposition d’envoyer chercher les candélabres elle m’a dit qu’il fallait qu’elle les montrât à l’[encanteur  ?], puis après, qu’elle écrirait à M. Charles, enfin qu’ils étaient cassés, qu’ils lui avaient coûté beaucoup d’argent à faire raccommoder puis dans un autre moment, et dans le feu de son verbiage, qu’elle les avait raccommodés elle-même, que du reste elle n’avait rien à vendre qui pût me convenir, si ce n’est deux malles à clous. Enfin pour moi il résulte de ses tergiversations qu’elle désire ne rien me donner du tout, et que j’en suis pour mes 109 francs absolument et entièrement sans recours que sur Monsieur Charles, c’est-à-dire sur toi. Tout cela n’est pas à l’honneur de cette miss mais que faire ? T’aimer et ne plus prêter d’argent aux miss de Monsieur Charles. C’est ce que je ferai, je le jure comme un charretier.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 92
Transcription de Florence Naugrette