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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 15 septembre 1868, mardi, 1 h. ½ après midi

Je ressemble en ce moment au sergent Dumanet aux prises avec son prisonnier qui ne veut pas le lâcher [1]. Moi, c’est mon rhume qui ne veut pas me lâcher malgré mes énergiques efforts pour m’en dépêtrer. Cela me serait moins désagréable si je ne sentais pas que tu as le contrecoup de cette méchante grippe dans le moment où il m’aurait été si doux d’utiliser à ton profit et au mien tout le temps que te laisse la villégiature de ta famille. Malheureusement cela ne dépend pas de moi, Dieu le sait. J’ai beau avaler consciencieusement mes drogues et me frotter de baumea tranquille, je n’ai pas encore pu obtenir une diminution sensible dans mes bobos. La nuit dernière a été même encore plus mauvaise que les autres, ce qui veut dire, mon pauvre bien-aimé, que tu me trouveras, je le crains, aussi grimaude aujourd’hui qu’hier. Et pourtant je t’adore. Je donnerais tout au monde pour pouvoir sortir avec toi bras dessus, bras dessous, dès à présent. Dans mon impuissance stupide, je reprends cœur et courage en redoublant d’amour.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 256
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « beaume ».

Notes

[1Le sergent Dumanet est un personnage naïf et crédule de La Cocarde tricolore, épisode de la guerre d’Alger, vaudeville en trois actes des frères Théodore et Hippolyte Cogniard représenté pour la première fois le 19 mars 1831 aux Folies-Dramatiques de Paris.

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