Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1852 > Novembre > 30

Jersey, 30 novembre 1852, mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour. Mais ne me dites plus ces agaçantes paroles : « ne grogne pas » chaque fois que je hasarde la moindre observation ou que je vous adresse la plus tendre prière. Le moyen que je m’attriste et que je GROGNE c’est la façon taquine dont vous affectez de prendre le change chaque fois que je me plains de ne pas vous voir, ce qui m’arrive trop souvent, hélas ! Mais à qui la faute ? Maintenant, mon petit homme, encore une petite recommandation pendant que j’y suis. Je ne veux pas que tu t’opposes à ce que je te reconduise tous les soirs, quelque temps qu’il fasse, car c’est pour moi plus qu’un plaisir, c’est un besoin impérieux de sollicitude et je ne suis vraiment tranquille que lorsque je l’ai satisfait. Je regrette d’être forcée d’y associer Suzanne parce qu’elle me gêne plus qu’elle ne nous sert, mais somme toute je ne suis vraiment heureuse que pendant ce court trajet où je me fais l’illusion que je te sers à quelque chose. Ne m’en prive donc pas et laisse souffler la bise et tomber la pluie qui, hier, était de la vraie neige en flocons quand je t’ai quitté. Et puis, mon bien-aimé, tâche, sans GROGNERIE, de venir un peu plus tôt aujourd’hui et pense à moi si tu peux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16372, f. 215-216
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette


Jersey, 30 novembre 1852, mardi matin, 11 h. ½

Je ne veux pas hasarder un seul souhait, mon cher petit homme, pour ne pas tenter la fée du guignon, mais dans le fond de mon cœur je ne serais pas fâchée qu’aucun obstacle ne t’empêche de venir et que tu [puisses  ?] me faire sortir tantôt. Du reste, mon pauvre amour, je suis d’avance résignée à rester chez moi seule toute la journée. Ainsi ne te préoccupe pas de moi si cela doit gêner ton travail ou troubler quelques-unes de tes rares distractions. Je t’attends avec tout mon courage, toute ma patience, et tout mon amour. J’ai d’ailleurs une bonne petite compagnie d’ici là. Seulement je crains qu’elle ne me dure pas longtemps parce que je l’ai déjà fort abrégée hier. Aussi tu serais bien gentil de m’apporter de quoi la remplacer aujourd’hui même. En attendant je vais donner audience au citoyen GUYA (lisez Guay) et puis je cormoderai ma robe. Tu vois que ce n’est pas la besogne ni les distractions qui me manquent et si je désire te voir c’est parce que tu es mon bonheur, ma joie et ma vie. Trois vérités peu nouvelles et que tu peux faire consolantes quand tu voudras.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16372, f. 217-218
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne