Paris, 31 juillet 1881, dimanche midi
Cher bien-aimé, j’aimerais mieux, si j’avais à choisir pour toi, que tu passes toutes tes nuits bonnes comme cette dernière en sacrifiant le sommeil de la matinée comme celui d’aujourd’hui, car rien ne vaut le sommeil de la nuit, l’autre, celui du jour, étant toujours plus ou moins troublé par les bruits de la vie qui circulenta à travers. J’espère qu’ayant très peu dormi ce matin tu dormiras mieux la nuit prochaine. En attendant, le temps s’est obscurci et achaudic au point de me donner un mal de tête fou dont je ne sais que faire tant il est tenace.
J’ai reçu une lettre de ton neveu Léopold qui me prie de lui permettre de venir dîner mercredi prochain.
J’ai reçu aussi le deuxième numéro du journal Le Victor Hugo [1] qui contient des vers de Jean Aycard sur toi. Tu feras bien de le lire avec quelque attention, je parle du journal en général, parce qu’il est plein de toi et qu’il est courtois que tu en paraissesb informé. Cher adoré, je ne suis pas sûre de ce que je t’écris mais je suis sûre que je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 175
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « circulent ».
b) « achaudit ».
c) « paraisse ».