31 octobre 1879

Paris, 31 octobre [18]79, vendredi matin, 8 h.

Si tu as bien dormi je suis très contente, mon doux adoré, et je ne me reproche plus mon insomnie. J’espère que la journée qui s’annonce déjà par un beau soleil se continuera pour nous par de bonnes tendresses exemptes de toute tristesse et de toute suspicion [1].
Je suis d’avance prête à toute confiance et tout inspirée de bonheur pour toi et pour moi. Puissent^a tous ces deux pronostics ne pas se démentir dans la journée, je le demande de toute mon âme à Dieu et à toi.
Je te fais penser que Paul Meurice doit venir à une heure tantôt pour tes affaires, il faudra que tu te tiennes^b prêt à le recevoir. De mon côté je compte le prier de demander à Vaquerie la lettre de l’avocat de Liège concernant ton expulsion^c qu’il mettrait sous enveloppe à la poste ce soir même car il est urgent que tu répondes le plus tôt possible à ce brave homme. J’ai envoyé chez les Lesclide qui ne pourront^d pas venir ce soir mais, peu importe, comme dit le citoyen Marquand. Pourvu que nous soyons heureux je me fiche de tout et de pas d’autre chose.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 261
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « puisse ».
b) « que tu tienne ».
c) « ton l’expulsion ».
d) « pourrons ».