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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 janvier [1840], samedi, midi ¾

Bonjour cher bien-aimé de mon cœur. Bonjour mon adoré. Bonjour ma joie, bonjour ma vie. Je compte bien sur mon dimanche demain pour me rabibocher de toute la semaine où tu m’as tant promis que tu viendrais sans tenir une seule fois ta promesse. C’est aujourd’hui que ma pauvre Claire s’en va, il faut absolument que je lui dise la mort de Mlle Watteville. C’est une chose fort triste et que je voudrais déjà avoir faite. Elle lit dans ce moment-ci Le Dernier Jour d’un condamné avec une action et une attention extrêmes. Cependant je dois avouer que la poupée a eu le premier tour : c’est bien naturel. Mon Dieu que je t’aime mon Toto adoré. Je te bénis à chaque instant de ma vie. C’est un culte, une adoration que mon amour. Donne tes chers petits pieds que je les baise. Est-ce aujourd’hui que tu fais enlever ton armoire ? Pauvre bien-aimé, certainement je voudrais pouvoir t’épargner la peine de ranger tous tes papiers. Ce serait une joie pour moi que de toucher à tout ce qui t’intéresse et à le mettre en ordre. Je t’aime, je voudrais te plaire, je voudrais t’être utile.
Baise-moi, mon Toto, je t’aime. Je n’ai pas encore fait mes comptes du mois dernier ni le total de toute l’année mais je le ferai la semaine prochaine bien sûr. À bientôt mon Toto chéri, je t’attends, je te désire, je t’aime et je t’adore. Pense à moi, mon cher bijou, et aime-moi. Tu étais bien bon et bien ravissant hier, mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16341, f. 14-15
Transcription de Chantal Brière


4 janvier [1840], samedi soir, 9 h.

Voici tout mon monde parti, mon Toto, je n’ai pas voulu annoncer à Claire la mort de cette pauvre femme [1], j’en ai chargé Mme Lanvin ; j’avais d’ailleurs grondé l’enfant tantôt et je ne voulais pas mêler d’autre tristesse à une tristesse de réprimande. Enfin la voilà partie cette pauvre petite et je regrette ma sévérité ([pourtant ?] bien nécessaire). J’aurais besoin de te voir, mon adoré. Tu es ma joie, ma consolation et ma vie, tu es mon tout, je t’aime. Je compte beaucoup sur demain matin, je serais bien triste si tu ne venais pas. Sais-tu que je ne t’ai pas eu une seule fois à déjeuner depuis l’année passée ? Aussi le temps me paraît-il bien long et bien insupportable. Cependant, mon bien-aimé de mon âme, je sais que tu travailles et pour moi encore car voici l’époque du manchon arrivéea. Demain l’épicier Mignon viendra chercher [illis.] francs et le dix de ce mois le cordonnier Chappelle enverra chercher un acompte. Enfin je ne sais pas comment tu [fais ?] ni comment tu feras. D’y penser j’en ai la tête [perdue ?]. Si tu voulais, je pourrais nous donner un petit coup d’épaule en vendant ce que tu sais. Ce serait bien gentil et bien confiant, mon adoré, et j’apprécierais cela du fond de mon cœur. Tâche de vouloir mon Toto chéri. Je baiserai tes pieds en reconnaissance et en amour. Je t’aime mon Toto chéri, je t’aime mon cher petit homme. Baise-moi et viens me retrouver tout de suite.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16341, f. 16-17
Transcription de Chantal Brière

a) « arrivé ».

Notes

[1Il s’agit de Mlle Watteville.

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