Bruxelles, 17 août [18]67, samedi matin, 8 h. ½
C’est toujours le même bonjour, comme c’est toujours le même amour que je te donne depuis le 17 février 1833 jusqu’à ce matin, 17 août 1867, c’est-à-dire depuis plus de trente-quatre ans. Et c’est toujours avec la même émotion, avec la même joie et avec le même bonheur que le premier jour que je te renouvelle ce cher bonjour de mon cœur et de mon âme.
Il y a aujourd’hui, 17, un mois que nous avons quitté Guernesey pour venir ici et il me semble que c’est hier seulement, tant le voisinage de ton cher groupe est doux et charmant pour moi. Le petit Georges à lui tout seul vaut le voyage même à la nage. Qu’il soit béni, ce cher petit être, pour tout ce qu’il répand de bonheur ineffable autour de lui. Je baise ses chers petits pieds roses.
J’espère que notre petite expédition de quatre jours en Zélande [1] ne sera pas une suite de déconvenues et de mystifications comme notre fameux voyage en Nollande [2]. Moi d’abord, je suis décidée à trouver tout très étonnant, très beau et surtout très BONHEUR. Que les deux Toto [3] se le fichent dans la boule, à partir de demain j’entre dans le bleu du voyage. J’espère que Suzarde ne sera pas trop maussade ni trop gauche avec ses nouvelles compagnes de la place des Barricades. Et surtout, par-dessus tout, qu’elle saura faire agréer ses services à ses deux nouvelles maîtresses [4].
BnF, Mss, NAF 16388, f. 220
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette