Guernesey, 25 décembre 1855, mardi soir, 4 h.
Je viens de terminer enfin le gros déblayage de tes papiers, mon cher petit homme, tu n’auras plus qu’à classer maintenant comme tu l’entendras.
Je t’aime, mon Victor.
J’ai pensé à ce que tu m’as dit hier au sujet de l’envoi que tu veux faire à Mme Bertauta [1]. Je te remercie de ta confiance. Et, pour te prouver que j’en suis digne et t’y faire persévérer à l’avenir pour toute chose, je te prie de lui envoyer le dessin que tu lui destinesb quand tu voudras [2].
Je ne te fais pas d’autre condition à mon ADHÉSION que celle de ne me rien cacher des suites de tes relations avec cette dame..... et toutes les autres présentes, passées et FUTURES. En attendant, je t’aime à mes risques et périls. AUDACES FORTUNA JUVAT [3]. Si ce n’est pas là du latin de circonstance je ne m’y connais plus. Il est vrai que c’est aujourd’hui Noël et que je n’ai pas encore vu un pauvre Chien COIFFÉ NI DECOIFFÉ. À propos, mon pauvre adoré, comment t’es-tu trouvé de l’averse d’hier ? Pourvu que cela ne t’ait pas enrhumé. Quant à moi cela ne m’a rien fait ce qui ne m’a pas empêchéec d’avoir encore une affreuse insomnie. Depuis que j’habite dans cette maison je n’ai pas encore eu une bonne vraie nuit. Cela viendra avec le temps. L’important pour moi c’est que je t’aime toujours davantaged..
Juliette
BnF, Mss, NAF 16376, f. 416-417
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa
a) « Berthaud ».
b) « destine ».
c) « empêché ».
d) Sur la quatrième feuille, en travers de la page, sur la bordure gauche, est inscrit « monday – nine – . »