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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 20 novembre 1862, jeudi soir, 4 h. ¼

Voici le premier moment de la journée où je m’assieds, mon cher bien-aimé, c’est ce qui te prouve à quel point j’ai fourragé dans mon taudis depuis le haut jusqu’en bas. Enfin je viens de finir et j’en profite pour donner satisfaction à mon cœur qui ne s’arrange pas de tous ces retards-là. De ton côté, mon cher petit homme, tu as dû profiter de ce répit de mauvais temps pour aller te promener et je t’en approuve tout en bisquant dans mon affreux pied ; cependant je crois qu’il commence à se calmer. Je n’ose pas encore trop m’y fier parce que voilà bien des fois que j’y suis attrapée, à ce semblant de mieux. Demain je saurai à quoi m’en tenir. En attendant, je fais contre mon mauvais pied piteuse mine et je compte avec tristesse toutes les bonnes occasions d’être avec toi que j’ai dû laisser échapper à cause de ce stupide bobo. Mais aussi quelle revanche dès que je pourrai me tenir sur ma patte ! d’y penser j’en saute de joie. J’espère que tu ne tarderas pas à venir, mon bien-aimé, voilà ce qui me donne du cœur au ventre et qui me fait prendre patience dans mon impatience de te voir. C’est bête comme tout ce que je te dis là [1], mais mais ça m’est égal car je t’aime.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 245
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

Notes

[1Juliette affectionne ce vers de Ruy Blas (IV, 3).

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