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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 juin 1862

Guernesey, 8 juin 1862, dimanche, 8 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher petit homme béni, bonjour, je t’aime. Ça n’est pas nouveau, mais c’est toujours la sainte vérité. J’espère que tu as passé une bonne nuit ; peut-être dors-tu encore car ta fenêtre est fermée et rien ne bouge dans ta chambre. Tu fais bien d’obéir à la nature qui sait ce qu’elle fait en prolongeant malgré toi ce sommeil réparateur que tu as depuis quelque temps. Après de si longues et de si colossales fatigues, ça n’est pas trop de quelques heures de repos ajoutées chaque jour. Quant à moi, si je pouvais, je te dorloterais et je te mettrais dans du coton, dans du bonheur et dans de l’amour le jour et la nuit. Malheureusement ma bonne volonté ne te sert de rien qu’à être aimé comme jamais homme ne l’aura été et ne le sera jamais en ce monde et dans l’autre. Je ne peux pas autre chose dans ta vie mais je m’y emploie cœur, corps et âme. Sois béni.
C’est aujourd’hui que saint Médard prononce [un dernier effort  ? en dernier ressort  ?] sur l’été. Pourvu qu’il ne le laisse pas tomber dans l’eau, je lui vote une gouttière d’honneur.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 147
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Florence Naugrette

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