Guernesey, 6 juin 1862, vendredi, 7 h. ½ du m[atin]
Bonjour, mon cher doux grand bien-aimé, bonjour, amour et bonheur si tu as passé une bonne nuit et si tu n’as pas mal à la tête. Quant à moi, je ne vais on ne peut pas mieux malgré le temps orageux. Il n’est guère probable que nous puissions faire aujourd’hui aucune promenade dans la journée. Trop heureux encore si le temps nous le permet ce soir. En somme, jusqu’à présent, nous avons eu un assez piteux printemps dont l’été nous devra une fameuse revanche pourvu qu’il ait un peu de cœur. En attendant, il faut se contenter d’être heureux à domicile, ce qui n’est pas du tout difficile. Quant à moi, il suffit que je te voie, que je sache que tu te portes bien, que tu es content et que tu m’aimes pour que tous les soleils m’inondent le cœur de leur splendeur et pour que je sente mon âme en fleur d’amour comme la première fois que je me suis donnée à toi.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 145
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa