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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 23 février 1855, vendredi après-midi, 3 h.

Ah ! mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Que je suis donc heureuse d’être née en CHINE !a J’ai une foule d’agréments plus variés les uns que les autres sans compter le plaisir de COMPTER les minutes en vous attendant depuis un bout de la vie jusqu’à l’autre. Aussi je regorge de folâtreries. Si vous voulez même, je puis vous en revendre. Du reste, je crois que toutes les oies de l’univers SAUVAGES se sont abattues sur Jersey. On ne voit que Jersiais et qu’oies l’un portant l’autre et peut-être réciproquement. Je commence à trembler pour ma peau. Après cela je ne peux qu’y gagner car c’est probablement la seule chance que j’aie d’être GOÛTÉE en ce monde. Ah ! voici le citoyen Durand. Je vais lui demander la permission de continuer ma RESTITUS emplumée. Sur ce, mon cher petit chasseur de cocottes et AUTRES, tâchez de ne pas attendre mon dernier quart d’heure pour venir me voir. En attendant, je chante le chant du cygne de mon pauvre amour oublié.

Juju

BNF, Mss, NAF 16376, f. 84-85
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa
[Blewer]

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