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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 22 avril 1862, mardi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon pauvre trop aimé, bonjour, je t’adore, je te plains, je t’admire et mon cœur se fond en pensant à toi. Je prie Dieu d’éteindre en moi, non mon amour qui est ma vie et l’âme de mon âme, mais cette susceptibilité maladive qui est en moi et qui s’exaspère jusqu’à la folie quand elle croit qu’un dommage ou une contrariété peut être attribuée à un manque de soin et d’attention de ma part. Aussi, mon cher adoré, et cela sans aucune amertume ni tristesse de mon côté, je te supplie de ne plus apporter chez moi un seul journal. En dehors de toi, ils ne m’intéressent pas du tout et tout ce qu’ils peuvent dire et penser de ton génie, de ton caractère, de ta grandeur, de ta bonté reste toujours au-dessous de ce que je pense et de que je sens de sublime et de divin en te lisant et en t’écoutant parler. Donc ce ne sera pas pour moi une privation et je serai allégée de cette petite responsabilité que ma susceptibilité rend redoutable comme tu ne l’as que trop vu hier. Maintenant, mon adoré bien-aimé, si tu as passé une bonne nuit et si tu te portes aussi bien que moi-même ce matin, je suis heureuse, je te souris et je me prépare d’avance à un bon petit CIDRE ce soir. En attendant, je te baise de tout mon cœur.

BnF, Mss, NAF 16383, f. 101
Transcription de Julia Wahl assistée de Florence Naugrette

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