Guernesey, 25 mars 1862, mardi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon cher adoré, bonjour. Beau jour, bonne santé, bon amour et bonheur en l’honneur de ce présent anniversaire d’où date, pour toi, le retour à la santé [1], avec toutes ses heureuses conséquences pour toi et pour tous ceux que tu aimes, y compris Les Misérables. J’espère que tu as passé une bonne nuit, mon cher petit homme, et que tout va bien en toi et autour de toi. Quant à moi, j’ai dormi comme un plomb toute la nuit et je me dispose à faire force de voile et de rame pour être prête de bonne heure tantôt. Quoi que tu en dises, mon cher petit injuste, ça n’est pas aussi facile que tu le crois car il faut que je fasse tenir toute la journée, y compris la soirée, dans les quelques heures de la matinée. Je sais bien, moi, que je ne m’amuse pas, et cependant j’ai grand peine à venir à bout de ma tâche quotidienne. Il est vrai que mon escalier en est un peu la cause. Toujours est-il que je vais me dépêcher et que ce ne sera pas de ma faute si je n’arrive pas à te contenter. Cher bien-aimé, je remercie Dieu d’avoir fait coïncider cette date 25 mars avec notre petit festival du mardi pour que nous puissions célébrer en commun et particulièrement de cœur et d’âme tous les deux ce soir.
BnF, Mss, NAF 16383, f. 75
Transcription de Marie Legret assistée de Florence Naugrette