Guernesey, 6 mars 1862, jeudi matin, 8 h. ½
Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour. D’après tes joyeux signaux de tout à l’heure, tu dois te porter bien ce matin et avoir passé une bonne nuit. De mon côté, mon adoré, je ne suis pas en reste de gaîté, de santé, de sommeil avec toi, mon cher petit homme, mais où je vous dame le pion, c’est par le SENTIMENT ; mon cœur défie le vôtre sur terre et sur mer, partout et ailleurs, au ciel et pas que dans l’éternité. Quoi que vous fassiez, je vous défie de surpasser et même d’égaler mon amour. ATTRAPÉa ! Cette supériorité m’étant donnée, je vous pardonne et je me contente de tout ce que votre cœur peut m’octroyer à la condition de n’en pas aimer d’autres, ni peu, ni beaucoup, ni rien du tout. Cet ULTIMATUM posé, je vous envoie mes plus tendres TENDRESSES et je vous baise IN NATURALIBUS sans respect pour les mœurs et pour le carême.
Juliette
Bnf, Mss, NAF 16383, f. 58
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
a) « ATTRAPPÉ ».