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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey 4 janvier 1861, vend[redi], 7 h. ¼

Bonjour, mon cher tout bien-aimé, bonjour. Je suis heureuse si tu as passé une bonne nuit et si ta gorge va tout à fait bien ce matin. Je ne le saurai que tantôt mais jusque là je vais tant t’aimer de mon cœur et de mon âme qu’il faudra bien que tu guérisses. Eh bien ! Comment Mlle Adèle a-t-elle accueilli ma petite broche ? Tu me diras cela aussi si tu peux parler, [cette  ?] fois, ce que j’ose à peine espérer tant de fois j’ai eu la triste déception de te voir souffrant quand je te croyais guéri. Il est vrai qu’aujourd’hui le temps est beau quoique froid. Déjà ta petite belle-sœur [1] a fait une promenade matinale dans ton jardin. Je crois que c’est elle à la petitesse de la taille car du reste à cette distance où je suis je ne distingue pas assez les [traits pour  ?] l’affirmer [2]. Mais il n’importe. Ce qui m’importe et me rend soucieuse jusqu’à l’inquiétude, c’est mon trop fameux festival de ce soir. Je ne serai vraiment allégée et tranquille que lorsqu’il sera fini bien ou mal. En attendant, je suis dans mes petits souliers encore plus que dans mes grands plats. Je voudrais presque que tout le monde, à l’exception de toi, [illis] bonheur radieux, ait [illis] fantaisie de ne pas venir. Je ne sais pas pourquoi je suis si tourmentée par une chose après tout très simple et qui a eu lieu plusieurs fois chez moi sans que j’en aie éprouvé d’autre émotion que le plus vif plaisir. Peut-être en sera-t-il encore de même ce soir. Je le désire encore plus pour toi que pour moi mais je te le répète, mon bien-aimé, parce qu’avec toi je pense tout haut, je voudrais être à demain avec la certitude que tout s’est bien passé et que tu es heureux et que tes fils ne se sont pas trop ennuyés quant à [illis.] plaisir ou contrainte. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 4
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

Notes

[2De sa fenêtre de la maison de La Fallue, Juliette Drouet a la vue sur l’arrière de Hauteville House et son jardin.

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