Paris, 23 avril 1882, dimanche matin, 7 h. ½
Tu fais bien, mon cher adoré, de faire la grasse matinée pendant qu’il vente et qu’il pleut au-dehors et que j’ai un mal de tête fou. Cela t’épargne au moins l’ennui de ma figure engrimacée et la vue du ciel grognon. J’ai recueilli tout à l’heure parmi les ON DIT de domestiques que Mme Lockroy, son mari et tes chers petits-enfans [1] devaient revenir demain ou après-demain. Cet ON DIT viendrait, paraît-il, du secrétaire de M. Lockroy qui en aurait reçu l’avis hier. Donc préparons-nous à cette fête de famille qui ne peut guère plus tarder maintenant. J’hésite, vraiment, à te rappeler que tu dois une lettre à Mme Ancelet [2] et une réponse à Mme Chenay [3] à propos de la permission qu’elle te prie de lui accorder de venir te voir au commencement de mai c’est-à-dire dans quinze jours. Il me semble que tu dois écrire à ces deux pauvres femmes qui sont de ta famille sans les faire tant attendre. Ce que je t’en dis, mon cher adoré, est dans l’intérêt de ta grande bonté reconnue. Je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 62
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette