Guernesey, 23 mai [18]63, samedi, 1 h. ½ après midi
Quand je ne t’écris pas tout d’abord le matin, mon doux adoré, j’ai toutes les peines du monde à remailler mes heures dans ma restitus pendant le reste de la journée et pourtant Dieu sait QUE JE NE M’AMUSE PAS. Aujourd’hui entre autresa j’ai un surcroît de FÊTE qui s’ajoute au samedi, jour particulièrement laborieux pour moi à cause du marché. Enfin je commence à entrevoir le bout de mes tribulations domestiques et mon cœur se réjouit à la pensée de notre bonne petite soirée FÉRIÉE. Je regrette que le personnel féminin se réduise à moi, car il ne faut pas compter sur la pauvre Mme Marquand avec sa mauvaise santé et le déplorable temps qu’il fait. Quant à Mme Chenay, cela n’est pas possible, non plus, pour un motif qui n’a rien de désagréable pour elle, mais qui l’empêche de dîner en ville en ton absence. Cela étant, me voilà forcée de me multiplier en jeune, en fringanteb, en aimable, en spirituelle [femme ?] parce qu’à l’impossible toute vieille femme est [tenue ?]. Eh bien on fera l’impossible et plus encore : BES, OTTE. Cela vous apprendra à me provoquer jusque dans mon ATÔME le plus secret. Tremblez car vous avez REVEILLE un chat qui dormait depuis longtemps et qui est très capable encore de vous faire FE, FE, [TE ?], et de vous montrer ses [griffes ?] bien aiguisées [illis.].
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 135
Transcription de Chantal Brière
a) « entr’autre ».
b) « fringuante ».