Guernesey, 24 décembre 1858, vendredi matin, 9 h. ½
Bonjour, mon doux bien-aimé, bonjour et joie pour la bonne nouvelle [1] d’hier. Nous voilà délivré de cette rechute Damoclès suspendue sur la tête, et tu pourras arranger tes flûtesa à ton aise le moment venu de te donner, ainsi qu’à nous tous, un peu de bon temps et de beau temps dans la patrie des oranges et des Don Miguel. En attendant, tu feras bien pourtant de te ménager un peu et de surveiller beaucoup ton régime. Je crains que tu n’aies été saucé hier en allant et en revenant de chez Duverdier, ce qui te serait particulièrement nuisible. J’espère qu’il fera beau aujourd’hui, ce qui te permettra d’aller à la rencontre de ton Albionne sans risquer de nouveaux clous. Quant à moi, je suis résolue, en tout état de chose, et quelles que soient les grimaces du baromètre, à me passer un bain à travers le corps. À force d’ajourner ce lavage, j’en suis venue à ne pouvoir plus attendre une minute de plus. Ainsi, de deux à trois heures, j’irai me tremper, vous voilà averti. Quant à votre goddam, je ne vous en dis pas davantage, mais méfiez-vous de la french lady qui vous regarde et qui laisse pousser ses griffes AD HOC [2].
Bnf, Mss, NAF 16379, f. 357
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette
a) « fluttes ».