Mercredi, 9 h. du soir
Si tu as besoin que je t’aime, si tu désires que je t’aime, tu peux être tranquille. J’ai de l’amour plus que tu n’en useras, plus que tu n’en voudras. J’ai de l’amour plus plein que moi, de quoi remplir le ciel et la terre.
Je suis triste quand je ne te vois pas, mais je n’ai aucune mauvaise humeur contre toi. Au contraire, je t’aime encore davantage puisque c’est de l’amour que j’amasse au fond de mon cœur pour le moment où tu reviendras auprès de moi.
Quoique souffrante, je vais essayer d’écrire ces diverses lettres d’affaires que tu sais, tu les verras ce soir et tu les mettras toi-même à la poste.
Je souffre toujours de mes coliques, j’espère qu’elles cèderont au remède que je leur ai fait ce soir. Si elles persistent, je n’aurai rien à me reprocher. Tant pis pour elles.
Je t’aime… je t’aime… Je ne trouve le chiffre nulle part, mais je t’aime au-dessus [de] tout, au-delà de tout.
Juliette
[Adresse]
À toi mon Victor
BnF, Mss, NAF 16322, f. 219-220
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon]