Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1858 > Août > 20

Guernesey, 20 août 1858, vendredi, 7 h. ¼ du m.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour. Tu as dû passer une bonne nuit, d’après les bonnes nouvelles que tu as reçuesa d’une part, et surtout, par-dessus tout, par les tendresses dont tu as été l’objet dans ta famille. Tous les petits malentendus d’intérieur et d’affaires se sont éclaircis au même moment et comme pour te faire une bonne nuit, du moins, c’est ainsi que je l’espère d’après l’air assez contrit de Miss A. [1] et la lettre de Martin. Maintenant, mon cher petit homme, que vous êtes sûr de ne pas payer votre maison deux fois et de la garder nette de tout embargo guernesiais et CANINS et félins, il faut me sourire et courir et vous bien porter ou je vous fiche des coups à la fin. D’ailleurs votre mauvais exemple commence à me gagner car je me suis déjà un peu cassé la jambe et déformé les reins sans compter un mal de tête hideux qui semble m’avoir prise à bail. Il est plus que probable que tout cela n’existerait pas si vous étiez sur vos chères petites pattes comme un homme fort. Par esprit d’imitation j’emboiterais le pas derrière vous et je vous suivrais dans la santé et dans la vie jusqu’à ce que mort s’ensuive. Tout dépend donc de vous, mon adoré, moi je ne veux que vous aimer.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 239
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « reçu ».


Guernesey, 20 août 1858, vendredi, 12 h. ¾

Te voilà presque en retard, mon bien désiré. J’espère que cela ne cache rien de mauvais ni pour ta santé ni pour ton esprit. Cependant, je ne pourrai pas conserver ma tranquillité bien longtemps, je le sens, et pour peu que tu tardes encore quelques minutes, je ne sais pas ce que je deviendrai. Ta maison est ouverte du haut en bas, ce qui annoncerait que tu t’occupes de la faire arranger intérieurement. Peut-être aussi as-tu essayé de sortir et de marcher au soleil appuyé sur le bras d’un de tes fils ? Enfin, tu vois que je cherche à interpréter ton absence de la manière la plus naturelle pour toi et la plus rassurante pour moi, en attendant que tu m’apportes toi-même la sécurité la plus convaincante et le bonheur le plus réel par ta présence et par ta santé. Je sais qu’on a dû faire beaucoup de charpie pour toi hier au soir mais cela ne m’empêchera pas de faire ma petite part tout à l’heure dès que je t’aurai fini mon gribouillis. Mon bien-aimé, mon cher petit homme, mon brave petit convalescent, hâtez-vous de venir si vous voulez que je ne me tourmente pas et que je sois bien heureuse.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 241
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Miss Allix.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne