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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 août 1844

8 août [1844], jeudi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour, mon cher bien-aimé. Bonjour ma vie, bonjour mon âme, mon tout, bonjour. Je baise tes yeux, ta bouche, tes mains, tes pieds. Je t’adore.
Quelle bonne petite soirée nous avons passée ensemble hier ! Quel bonheur d’être avec toi, mon bel ange, mon Victor, mon ravissant petit homme, mon amant adoré ! Laisse-moi te le dire à ma façon. Vois-tu, ce qui manque à mon style, je le remplace par des baisers et par de l’amour. Je ne m’occupe de rien en t’écrivant ce gribouillis que de t’aimer et de te le dire le plus de fois possiblea. Je ne m’amuse pas à chercher l’impossible, mais je prends aveuglément dans mon cœur, parce que je suis sûre de n’en tirer que de l’amour le plus pur, le plus dévoué, le plus tendre et le plus passionné du monde. Mon Victor, tu es beau, je t’aime, je t’aime. Depuis bientôt douze ans tu es ma vie et ma joie. Rien n’a altéréb ni diminuéc cet amour ineffable. Tout, au contraire, l’a augmenté : ta beauté, ta bonté, ta douceur, ta noblesse, tout est divin en toi. Je t’adore, mon Victor. Je t’aime, mon sublime, mon très glorieux homme. Je baise tes pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 29-30
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « possibles ».
b) « altérer ».
c) « diminuer ».


8 août [1844], jeudi soir, 10 h.

Mon cher petit bien-aimé, il ne t’est rien arrivé de fâcheux, n’est-ce pas ? J’ai toujours peur, quand je ne te vois pas, qu’il ne te soit arrivé quelque chose, à toi ou aux tiens.
Je n’ose pas t’accuser avant de t’avoir vu, dans la crainte d’être injuste, mais, non, tu n’es pas gentil de n’être pas venu tantôt car je t’attendais et je te désirais de toute mon âme. Mon Victor adoré, si tu travailles et si tu m’aimes, je te demande pardon et je baise tes chers petits pieds.
J’ai eu toutes sortes de visites ; mais la plus intéressante est celle de cette pauvre Mme Tissard avec les deux enfants de cette pauvre Mme Pierceau. De voir ce pauvre Auguste [1], cela m’a toute remuée et cela m’a rappelé combien sa mère l’aimait et le temps où elle venait chez moi avec lui. Tout ce monde-là m’a chargée de compliments, de respects et de baisers pour toi, et je m’en acquitte avec conscience comme tu vois. Les autres visites, c’est Mme Ledon d’une part, Mlle Féau de l’autre, et la Penaillon à qui j’ai acheté la toile, décidément, car c’était une vraie bonne occasion et puis, Dieu sait si j’en ai besoin. Bientôt je coucherai sur la toile de mon matelas.
Tu vois du reste, mon cher adoré, que je n’ai pas manqué de distractions de tout genre aujourd’hui. Mais toutes les distractions possibles ne me font pas perdre une seconde de vue que je te désire, que je t’attends et que je t’aime. Ô oui, je t’aime mon Victor adoré, c’est bien vrai.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 31-32
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Auguste est le fils de Mme Pierceau, l’amie de Juliette morte récemment.

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