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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 mai 1837

19 mai [1837], vendredi matin, 9 h. ½

Bonjour mon cher petit homme bien aimé. Bonjour. Je ne vous ai pas quitté de la nuit malgré la distance. Vous avez été dans tous mes rêves. J’avais beaucoup d’esprit et beaucoup d’amour et vous aussi. Nous étions très gentils et très heureux. Ce que c’est que les rêves ! Malheureusement, de tous mes avantages, de tout mon bonheur de cette nuit il ne me reste rien que mon seul amour toujours plus triste et plus solitaire que jamais. Je ne t’accuse pas mon cher adoré car je sais que tu travailles, et pour moi encore ; mais je suis triste et malheureuse de ton absence. Je ne peux pas m’en empêcher. Je t’aime vois-tu. Je t’ai tourmenté hier pour une loge au Théâtre-Français mais si cela t’ennuie trop fort ou que tu [crois  ? crains  ?] vraiment que cela te commette avec la Comédie-Française, ne le fais pas, c’est tout simple. Seulement je voulais faire prendre patience avec cela à Mme K [1]. en attendant ses Étrennes. Après tout tant pis. La première chose c’est de ne pas te contrarier ou te gêner en rien.
Jour mon petit o. Je suis encore dans mon lit. Ce temps-là m’effraye on ne peut pas davantage. Il me faudrait allumer du feu car je ne me suis pas encore réchauffée de mon refroidissement d’hier. Ainsi tu juges.
Je vous aime mon Victor chéri. Je vous aime mon cher petit homme. Jour on jour. Vous êtes le plus beau et le plus aimé de tous les hommes. Je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16330, f. 185-186
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein


19 mai [1837], vendredi matin, 11 h. ½

Je me suis décidée à me lever, mon cher petit homme parce qu’il fait trop ennuyeux dans un lit où on est toute SEULE. Il fait un temps de chien. La pluie ne cesse pas de tomber et le froid vous mord les bouts des pieds tant qu’il peut. C’est pas beaucoup amusant. À propos mon cher petit Toto, j’ai lu avec attention la lettre de M. Roger de Beauvoir. Il me semble qu’il ne vous demande qu’une seule ligne sur chaque album. Il me semble que vous n’avez pas besoin d’outrepasser la faveur qu’on vous demande, d’autant plus que c’est aux dépensa de mon repos et de ma satisfaction personnelle que vous le ferez. Est-ce que vous êtes encore à la répétition ce matin [2] ? Si j’en juge d’après l’affreux serrement de cœur que j’éprouve, vous devez y être. Heureuse femme que je suis ! Heureuse Juju ! Pour peu que cela continue encore quelque temps comme cela, je suis capable d’en mourir de rire. Ce que c’est pourtant que l’excès de la joie et du bonheur, n’est-ce pas mon petit Toto ? Je vous aime, voilà le plus triste et le plus sérieux dans mon affaire. Je vous aime trop et vous pas assez. Mais je vous ai déjà dit cela bien des fois. Je me tais pour ne pas vous ennuyer.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16330, f. 187-188
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) « au dépend ».

Notes

[1Mme Krafft.

[2Angelo, tyran de Padoue sera repris à partir du 27 mai, avec Beauvallet, Mme Volnys et Mlle Noblet.

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