Guernesey, 18 mai 1858, mardi soir, 8 h.
J’admire ta patience, ton courage et ta bonté, mon doux, mon sublime et divin bien-aimé. Personne ne pourrait se douter à te voir d’une aussi constante, aussi aimable et aussi charmante sérénité que tu souffres les mêmes maux que tous les grimauds les plus impatients et les plus désagréables des simples humains. Ah ! Dieu, je crois que j’entends la voix du citoyen Quesnard et même la tienne, mon cher petit homme.
21 mai, vendredi matin, 8 h.
Est-ce bien la peine, mon cher bien-aimé, de te finir ce gribouillis à deux jours et demie distance, surtout quand rien n’est changé dans mon cœur, si ce n’est deux jours et demi de plus ajoutés à mon amour ? Je le finirai pourtant, avant de te commencer une autre bonne petite restitus toute fraîche tout à l’heure. Comment vas-tu ce matin, mon pauvre adoré ? Comment as-tu passé la nuit ? Tu paraissais beaucoup souffrir [1] hier au soir. J’ai bien peur que tu n’aies pas pu avoir un moment de repos cette nuit. Je t’attends avec toutes les tendresses et toute l’impatience de mon cœur pour savoir comment tu es ce matin.
BnF, Mss, NAF 16379, f. 108
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette