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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 décembre [1848], lundi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon Toto, bonjour, avec le rayon de soleil qui monte, avec le chant des petits oiseaux qui jouent sur mes fenêtres, bonjour, avec mon cœur et avec mon âme, bonjour. Tu n’es pas revenu hier au soir, tu auras eu du monde ou tu auras été occupé ? Mais si tu as pensé à moi, si tu m’as désirée et si tu m’as aimée, je n’ai pas le droit de me plaindre et je suis moins malheureuse que je le crois. Mais qui me dira cela et surtout qui me le prouvera  ? Là est la difficulté et elle n’est pas mince. Cependant, pour n’avoir rien à me reprocher, je mets ma crédulité au service de ton amour et je suis toute prête à croire ce que tu me diras à ce sujet.
Aujourd’hui va être encore une journée bien longue, bien vide et bien triste puisque je ne te verrai pas avant ce soir.
Je voudrais déjà que ce matin fût ce soir et qu’au lieu de te gribouiller des doléances sans queues ni têtes, j’en sois à te donner des bons baisers à têtes et à queues sans y regarder à deux fois pour savoir de quel côté je les donne ou tu les reçois. Et à ce propos, je vous dirai que je vous attends de pied ferme ce soir et quand vous voudrez pour toute espèce de combat à la hachea et à l’arme blanche et dans mon champ-clos avec vos yeux et les mains pour témoins. Le cri de guerre sera : Quel bonheur ! Le cri de mort : Je t’adore !!

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 375-376
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « l’ache ».


18 décembre [1848], lundi après-midi, 1 h. ¾

Puisqu’il paraît avéré que je ne pourrai pas te voir avant ce soir, mon bien-aimé, je vais profiter de ce maussade après-dînera pour me peigner à fond et pour prendre un bain. Je vais même me hâter pour être rentrée chez moi avant l’heure où l’Assemblée finit. J’aurais bien désiré que tu passes venir me voir avant d’aller déjeuner. Le temps ne m’aurait pas paru si long et si ennuyeux mais j’ai bien compris que ton Charlot ne perdrait pas l’occasion de faire la route avec son grand père et j’ai dû me résigner à mon malheureux sort en murmurant, en murmurant. D’autant plus murmurant que la journée est une des plus charmantes qui se puisse voir, du moins quant au ciel et à la température. On se croirait aux plus beaux jours du printemps et les oiseaux eux-mêmes s’y trompent. Ils se poursuivent et se font l’amour avec toutes sortes de babillages joyeux qui font battre le cœur. SI NOUS FAISIONS COMME EUX ? Quant à moi je suis toute prête. Tu n’as qu’à essayer et tu verras si j’ai oublié ma réplique : piou, piou, piou, …. Quel bonheur !!!!! Pensez à moi, mon cher petit goinfre et aimez-moi à mort. Je le veux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 377-378
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « cette maussade après-midi ».

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