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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 mai 1878

Paris, 22 mai [18]78, mercredi soir, 7 h.

Cher bien-aimé, c’est toujours quand j’ai le cœur rempli jusque par-dessus la vie que j’ai autour de moi des embarras de charrettes inextricables qui m’empêchent de m’épancher autant que je le voudrais. Depuis hier je suis débordée par un tas de riens qui, mis au bout l’un de l’autre, occupent toute la journée. J’avais à chercher dans les livres de dépenses de l’année dernière un compte de fumiste que je croyais payé et qui ne l’était pas grâce à l’oubli de Mariette qui se charge de ces sortes de choses en général. Après compulsation de la dépense de l’année 1877 jour par jour j’ai acquis la certitude que la note présentée ces jours-ci était réellement due et je te conseille de la faire payer tout de suite. Puis, brochant sur le tout, d’affreusesa douleurs brûlantes et lancinantes dans le talon à me faire crier [1] et voilà comment et pourquoi je ne t’ai pas encore écrit quoique la journée soit déjà presque finie. La crainte qu’on ne vienne me fait t’aimer quatre à quatre sans choisir les mots dont tu sauras bien retrouver le sens. J’ai toujours sur mon cœur ta chère petite lettre que j’use de baisers à force de la lire et de la relire. Je t’attends tout âme dehors et je te souris avec confiance et de loin.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 134
Transcription de Chantal Brière

a) « d’affreuse ».

Notes

[1Juliette Drouet souffre d’une crise de goutte.

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