Paris, 5 mai [18]78, dimanche soir, 6 h. ½
Cher bien-aimé, je me sens tout à fait ravigotéea par cette petite heure de promenade avec toi. Je crois que le bonheur d’être avec toi à l’air libre et de t’aimer à ciel ouvert renouvelle en moi les sources de la vie qui sont parfois bien troublées et presque à secb. Je te remercie de m’avoir fait sortir aujourd’hui, cela m’a fait beaucoup de bien et beaucoup de bonheur. Merci. Cela m’enharditc à te parler de ma fête qui arrive le 21 de ce mois c’est-à-dire dans quinze jours. Tu as l’habitude de me la souhaiter sous la forme aimable et utile de dix pièces d’or avec lesquellesd je ravitaille ma toilette d’été, tu serais bien gentil de m’en faire l’avance demain. Je t’assure que tu me rendras service en me faisant un grand plaisir. Je n’insiste pas davantage, ne voulant pas te faire une scie d’un don gracieux et traditionnel chez les plus pauvres comme chez les plus riches et surtout chez ceux qui s’aiment comme nous nous aimons tous les deux, comme je l’espère, de toute la force de leur âme.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 121
Transcription de Chantal Brière
a) « ravigoter ».
b) « secs ».
c) « m’enhardi ».
d) « lesquels ».