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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 22 avril [18]78, lundi soir, 5 h.

Ça n’est pas de ta faute ni la mienne, mon grand petit homme, si notre promenade a échoué faute d’une voiture ; mais ça sera peut-être le cas de me la donner doublée d’une heure de plus demain si, comme je l’espère, rien ne s’oppose à ce petit EXTRA. En attendant il ne faut pas exagérer ta bonne grâce à Mme Benoit. C’est le cas, ou jamais, de te souvenir des leçons de ton cousin le marquis de Coriolis [1]] en proportionnant ta gratitude au service plus ou moins réel qu’on t’a rendu ou désiré te rendre. Aussi je garde pour moi la dédicace dithyrambique adressée à la mère Benoit au détriment de toutes tes autres SERVARDES qui elles n’ont qu’une mention honorablement laconique sous ton portrait. C’est déjà beaucoup qu’elle soit admise, la mère Benoit, à cette grande ferveur et honneur dont tu es avec raison si parcimonieux avec tout le monde. À ce sujet je suis priée par le jeune Bazire de te demander ton portrait avec ton nom signé par toi. Il y a longtemps déjà qu’il m’a fait cette prière qu’il m’a renouveléea hier soir. J’espère que tu voudras bien l’exaucer, cher bien-aimé, tâche de ne pas rentrer trop tard. Pense à moi, aime-moi et bénis-moi comme je le fais pour toi de tout mon cœur et de toute mon âme.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 108
Transcription de Chantal Brière

a) « renouvellée ».

Notes

[1Membre éminent de la Société (royaliste) des Bonnes-Lettres, Charles-Louis-Alexandre marquis de Coriolis d’Espinousse n’était pas vraiment le « cousin » de Victor Hugo, comme il s’était amusé à le faire croire dans son célèbre poème « Écrit en 1846 » (Les Contemplations, V, 3). Modèle vraisemblable de M. Gillenormand selon Géraud Venzac, il apparaît dans Les Misérables comme « l’homme de France qui savait le mieux la politesse proportionnée » (III, III, 3). C’est à ce passage-là que Juliette fait ici allusion. [Remerciements à Jean-Marc Hovasse pour l’établissement de cette note.

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