25 avril [1849]a, mercredib soir, 8 h. ½
Bonsoir, homme héroïque, bonsoir, courageux représentant, bonsoir. Seulement tâchez de ne pas me calomnier à la tribune parce que je vous réponds que je répondrai à cette liberté par une autre plus pommée encore et qui mettra à néant votre INVIOLABILITÉ dont je me fiche dès à présent. Je n’ai pas voulu me coucher sans vous dire cela entre quatre pages en attendant que je vous le dise entre quatre ZIEUX. Je me fiche de vous et des 899 autres que vous êtes et de votre constitution et je tire le nez à la République et je fais figue à la liberté. Vous êtes un gouvernement de Jocrisses, vous en avez la couleur et la queue, voireb même les papillons blancs en papier que le socialisme et autres macairismes [1] vous accrochent au chapeau avec des fils d’archal [2], voilà ce que vous êtes, mais vous avez la liberté de la tribune et le droit de répéter les coups de pied au cul préalables qu’on vous prodigue avec le plus vif et le plus touchant enthousiasme. Ah ! c’est un beau spectacle à ravir la pensée que la Chambre ainsi faite [3] avec ces neuf cents braillards inviolables plus ou moins décorés. Je ne m’étonne plus si [Jona ?] [4] Bull se cotise en masse et en détail pour venir admirer toutes ces beautés nationales et représentantes du plus grand peuple de l’univers. Voime, voime, il y a de quoi. À votre place je leur en ferais payer la vue très cher. Jouissez de vos droits superbes, mon amour, mais prenez [garde] aux représailles. La Juju est féroce, c’est là son moindre défaut. Aussi, prenez garde à vous. Je ne vous dis que cela pour le quart d’heure. Baisez-moi comme si de rien n’était et venez me chercher le plus tôt possible demain. Je vous attends, je vous adore pour mieux [illis.]
Juliette
Collection Claude de Flers (juin 2013)
Transcription de Florence Naugrette et Evelyn Blewer
a) Le millésime « 1849 » est ajouté d’une autre main.
b) « Mercredi », ajouté d’une autre main, corrige « mardi ».
c) « voir ».