Guernesey, 3 octobre 1856, vendredi après-midi, 1 h.
J’espère que voilà un temps fait pour vous, mon cher petit phoque, il ne tiendra qu’à vous d’en profiter tantôt pour vous tremper dans la mer. Quant à moi, j’ai un grand mal de tête que je couve depuis trois ou quatre jours et qui sera dans tout son épanouissement ce soir comme de juste et de guignon. En attendant, j’ai reçu ce matin une lettre de Philippe Asplet m’annonçant un paquet par l’entremise d’Orban [1], lequel paquet a été remis à Philippe Asplet pour moi ; il ne me dit pas de quelle part. Jusqu’à présent, je n’ai encore vu ni Orban, ni paquet bien qu’il y ait plus de trois heures que Suzanne a rencontré le susdit Hongrois suivie d’une brouette chargée de malles de caisses de sacs de [illis.], ce qui ferait croire à l’arrivée prochaine d’une Mme Teleki [2]. Asplet me demande s’il doit rendre pour toi à Béghin les cent francs d’argent anglais que Kesler a dû te donner de [plusieurs mots illisibles]. Tu me diras cela tantôt si tu en as le temps. Cependant, cela presse car il me prie de ne pas perdre une minute pour lui accuser réception de ce fameux paquet anonyme, sans compter que je ne serais pas fâchée d’avoir l’honneur d’un TRONCHE À TRONCHE avec vous avant l’arrivée de mes convives. Tel est mon style, voyons à présent le vôtre, s’il vous plaît.
Juliette
Bnf, Mss, NAF 16377, f. 242
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette