Guernesey, 12 mai 1856, lundi matin, 11 h.
La critique est aisée et l’art est difficile [1], a dit une vieille perruque à un célèbre romantique qui faisait semblant de savoir tailler les plumes d’oie tandis qu’en réalité il ne savait tailler que des croupières à ses amis les Bonapartistes, chose peu académique et qui ne mérite que le mépris des honnêtes gens. Quant à moi, je me ris modestement de toutes [ces ? les ?] prétentions et je continue à me jouer des difficultés de mon état de taille-plume (sgdg.) [2] ce qui ne m’empêche pas de BISQUER dans ma peau de Juju de ne pouvoir vous accaparera ni le jour ni la nuit, ni à la promenade ni au concert, ni ici ni ailleurs, ni jamais ni toujours, ce qui devient monotone à la longue. Il est vrai que j’ai la consolation des billets doux à Cahaigne, ce CHLORI [3] de la proscription guernesiaise, mais cela ne suffit pas à mes bucoliques et je désire encore autre chose. On n’est pas parfait ni même parfaiTE et voilà pourquoi je vous trouve assez embêtant, (passez-moi le mot), d’être si empressé d’aller partout où on s’amuse et de vous prodiguer à tout le monde à mes dépensa. Vous n’êtes pas content de cette GUITARE [4], encore une autre AD HOC : JE VOUS AIME, ATTRAPÉ ! Mainte[nant] osez n’être pas d’accord avec elle et vous verrez de quel UT je me chauffe. En attendant je vous répète mon éternel refrain, bis, ter, re ter, quater, pater, sur la terre comme aux cieux et dans mon cœur, je vous aime.
BnF, Mss, NAF, 16377, f. 144
Transcription de Chantal Brière