Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1856 > Avril > 5

5 avril 1856

Guernesey, 5 avril 1856, samedia après-midi, 3 h.

Je viens de vous tailler des plumes qui sont comme de la crème. J’espère que ce sera aussi votre avis. En attendant je me goberge dans l’essayage ce qui est doux. Tout à l’heure je ferai de la LÉGENDE d’arrache nez quoique vous ne m’ayez pas donné une écuelle de bouillie comme stimulant mais je n’en tricoterai pas moins vos septb contes [1] de bonne femme de mon mieux. Je commencerai aussitôt le gribouillis terminé. À propos de gribouillis, j’ai reçu une lettre de Brest dans laquelle on vous fait toutes sortes de bons compliments, mon neveu [2] est exempté par son numéro 217 car on estc allé que jusqu’à 174 [3]. C’est une bonne épine hors du pied de mon brave beau-frère [4]. Maintenant il songe à faire revenir son LIBERE auprès de lui car il ne peut pas s’habituer à son absence non plus que ma sœur. Il espère sitôt son baccalauréat passé le faire placer au collège de Brest. Je le souhaite de tout mon cœur pour leur bonheur à tous. Cher adoré tout ce que je viens de te grifouiller là signifie au fond que je t’aime et que je ne pense qu’à toi. Quoi qued ce soit que je dise ou que je fasse, je le fais en t’aimant et pour t’aimer davantage si c’est possible. Voilà pourquoi je prends peu de souci de ce que gribouille ma plume puisque je suis sûre que mon amour est toujours au bout de son bec et que mes baisers courent plus vite à toi que des pattes de mouche, à preuve qu’il y a déjà bien longtemps qu’ils sont arrivés à leur poste sur votre belle bouche.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 106
Transcription de Chantal Brière

a) Juliette écrit « mardi » puis corrige.
b) « septs ».
c) « n’est ».
d) « quoique ».

Notes

[1À élucider.

[2Il s’agit de Jean-Louis~Koch.

[3Supprimée en 1814 puis rétablie avec la loi Gouvion-Saint-Cyr en 1818, la conscription reprend le système du tirage au sort avec la possibilité du remplacement. Le neveu de Juliette échappe au service militaire.

[4Louis Koch, mari de la sœur de Juliette, Renée-Françoise Gauvain.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne