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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 décembre [1838], vendredi après-midi, 2 h.

Bonjour mon cher petit homme,
Vous allez encore me gronder parce que j’ai fait la paresseuse, mais je vous assure que j’ai de bonnes raisons pour cela. D’abord je me couche tard, ensuite je ne m’endors que difficilement et longtemps après que j’ai éteint ma lampe, ensuite j’ai très mal à la tête et enfin il fait très chaud dans mon lit et très froid dans ma chambre. Si vous ne trouvez pas de circonstances atténuantes dans tout ce que je viens de vous dire condamnez-moi à l’amour à perpétuité. Je suis toute prête à vous aimer jusque dans l’éternité. Jour papa. J’ai très mal à la tête. Vous ne me faites jamais sortir, vous avez sans doute vos raisons pour cela, aussi je ne vous en veux pas. Je souffre et je me tais SANS MURMURER. Je vous aime vous, voilà le fait et vous, m’aimez-vous ? Je sais bien que vous passez toutes vos nuits pour moi mais vous êtes assez généreux pour le faire par pur dévouement, aussi ça n’est pas une preuve suffisante. La meilleure des preuves c’est l’amour et si vous étiez revenu cette nuit comme vous étiez parti je me serais emparée de la preuve et je ne l’aurais lâchée qu’à bon escient. Pourquoi n’êtes-vous pas revenu ? Pauvre adoré tu as travaillé tandis que je te désirais, nous avons fait tous deux notre besogne, tu t’es dévoué et moi je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 258-259
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain


21 décembre [1838], vendredi soir, 5 h. ¼

Vous êtes mon cher petit homme bien aimé et vous avez toujours raison. Moi je n’ai pas tort non plus quand je recule pour aller à Ruy Blas parce qu’à tout prendre j’aime encore mieux notre tranquillité que mon plaisir. Ainsi mon petit homme, tant que vous aurez l’air de me mener au théâtre et chez Mme Pierceau comme un chien qu’on fouette, je n’irai pas. Soir pa, soir man. Je sais bien que tu travailles, mon cher petit bien-aimé, j’ai de l’amour dans le cœur va et de l’admiration dans l’âme pour tout ce que tu fais pour moi. Aussi ne prends de mes plaintes que le besoin de te faire voir que je ne suis pas tout à fait indigne de toi puisque je mène la vie d’une recluse toute entière à son Dieu. Je suis si au-dessous de vous, mon grand Toto, que je cherche à me faire valoir dans les petites choses. Il faut me pardonner et m’aimer de toute votre âme. Et puis il faut tâcher de venir très tôt ce soir, tout de suite même si vous pouvez. Soir mon petit O. Papa est bien i. Je vous aime, je t’aime, pense à moi. Je vais te désirer et t’adorer en attendant.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 260-261
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

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