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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 décembre [1838], mercredi matin, 11 h. ¾

Bonjour mon cher petit bien-aimé, comment vas-tu mon adoré, comment as-tu fait pour endosser le paletot dandyfique ou l’habit cérémonieux ? Il est probable que tu auras passé entre les deux écueils en envoyant ta REDINGOTE chez le dégraisseur et que tu l’attends encore à l’heure qu’il est et c’est ce qui me prive de ta chère petite personne adorée. Je t’aime mon Toto, je t’aime comme le bonheur de ma vie. Je te bénis dans l’âme. Je t’adore dans le cœur, mon Toto chéri. Je ne veux pas que tu te tourmentes pour moi davantage, tu as fait harmonieusement tout ce qu’on pouvait faire dans cette affaire. Maintenant il faut laisser aller la chose. Je me sens le courage de mon état et la probité suffisante pour n’avoir pas même la tentation d’une mauvaise action. Aussi mon adoré, je ne veux pas que tu te tourmentes pour cela. Assez vu la mauvaise pièce et les mauvais directeurs. Maintenant mon Toto je vous dirai qu’il paraît que nous avons inspiré une confiance illimitée au marchand de ferraille car il paraît que le commissionnaire n’avait pas de facture et n’a rien demandé à la bonne. On vient de venir au reste toucher la facture qui se trouve de 1 F. plus chère à cause d’une erreur de prix sur le balai que j’ai vérifiée et qui est juste. J’attends maintenant le tapis, les rideaux et Jourdain. Quant à vous mon petit homme, je vous désire et je vous aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 226-227
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain


12 décembre [1838], mercredi soir, 6 h.

Mon cher petit bien aimé, je ne suppose pas que ce soit encore votre redingotea qui vous empêche de sortir. Je pense que ce sont vos affaires et peut-être les miennes qui vous retiennent dans les pattes des auteurs et des directeurs outre le besoin de plus en plus impérieux de mon cœur. J’aurais encore eu celui de vous voir quandb Jourdain était chez moi. Ce que j’avais entrevu chez la mère Gaucher des difficultés et des dépenses à faire pour agrandir le tapis s’est réalisé au-delà de mes craintes pour faire un hideux arrangement de moquette noire. Cela coûtera 100 F., en jaspe 10 F. et avec notre vieux tapis rien de raisonnable car Jourdain prétend que lorsque nous l’aurons fait appliquer avec celui de la mère Gaucher nous nous empresserons de le faire ôter. Au reste, il ne voit de vrai remède à cela que de changer le tapis contre un plus grand si la mère Gaucher en a d’autres ou qu’elle veuille le reprendre. Je lui ferai savoir ce que tu auras décidé pour demain et il se trouvera prêt à faire ce que tu voudras. De toute façon voilà une contrariété sur laquelle nous ne comptions pas et dont nous n’avions pas besoin. Mais je t’aime, mais je t’aime et c’est bien bon et bien doux et je me moque du reste. Soir pa. Je vais prendre un potage parce que j’espère que j’aurai le bonheur de souper avec vous cette nuit. C’est si gentil de manger ensemble.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 228-229
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

a) « redingotte ».
b) « quant ».

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