29 janvier [1839], après-midi, 1 h.
Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon petit homme chéri. J’ai fait la paresseuse, mon adoré, pendant que tu travaillais et que tu fatiguais tes beaux yeux, mais je suis souffrante et me lever sans motifs ne pouvait que me faire brûler du bois inutilement. Au reste, je me sens mieux qu’hier, du moins dans mon lit. Je voudrais être sûre que tes yeux bien-aimés sont mieux que ces jours passés et je serai heureuse. Pauvre adoré de mon âme, je ne peux pas supporter la pensée que tu souffres, surtouta pour moi. Va, ne sois pas jaloux, car je t’aime au-delà de ce que tu peux désirer et je te suis aussi fidèle que tu l’es à notre amour, plus encore car je n’ai personne qui détourne ma pensée de toi ni aucune lanterne magique pour occuper mes yeux. Toute ma nature est fixée et concentrée sur toi.
Je t’aime, mon Toto. Si tu pouvais penser à dire qu’on cherche quelques vieilles hardes chez toi, tu me ferais bien plaisir et tu obligerais bien ces pauvres Lanvin. Tâche donc, mon adoré, qu’on prenne cette peine : ce sera une bonne action dans toute l’acception du mot. Je t’aime, mon Toto. Je t’adore, mon petit homme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16337, f. 107-108
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
a) sur tout.