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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 février [1839] [1], mardi après-midi, 1 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, comment vas-tu ? Je t’aime, voilà ma santé à moi. Je voudrais te voir, ce serait mon bonheur. Nous avons, ou plutôt j’ai été, très méchante cette nuit, je t’en demande pardon de toute mon âme, c’est que je souffrais beaucoup. Il est probable aussi que si tu n’étais pas toujours préoccupéa d’une mauvaise pensée, nous n’aurions pas si souvent de malentendus, c’est donc un peu votre faute, mon beau garçon, quand nous sommes malheureux.
J’ai fait un rêve ce matin très drôle et très significatif à propos du théâtre, des actrices et des rôles que je vous expliqueraib tantôt quand je vous verrai. Maintenant, je ne veux rien savoir de cette ignoble affaire que le NOM de l’individu qui a eu le rare courage de m’attaquer [2]. J’ai la précertitude que ce doit être un des mille individus qui te demandent des services ou des croix [3]. Au reste, peu importe et je reconnais maintenant que la chose importante était d’empêcher la chenille de faire ses ordures sur le pauvre petit bourgeon de réputation qui pourrait m’être poussé. Tu as agi sagement en faisant ce que tu as fait hier, et moi j’ai été folle et méchante. Donnez-moi tous vos pieds y compris les mains que je les baise et apportez-moi bien vite votre petite figure adorée à baiser.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 203-204
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « préocupé ».
b) « l’expliquerai ».


26 février [1839], mardi soir, 8 h. ¾

Vous êtes un vilain et un SÉDUCTEUR. Vous avez abusé énormément de moi tout à l’heure et mon innocence a couru de fameux dangersa, mais grâce au ciel je suis sortie saine et sauveb de cette épreuve NON douloureuse. Je suis en proie dans ce moment-ci aux petites Besancenot qui me tirent les cheveux à qui mieux mieux ; en voici une qui renonce à ce genre d’exercice sous le prétexte assez juste qu’elle me fait du mal. Quantc à l’autre qui n’a pas les mêmes scrupules, elle continue à me martyriser de toutes ses forces.
Mon cher petit bien-aimé, je vous aime, vous êtes mon Toto. Je suis de plus en plus embarrassée par la question du théâtre. Je ne veux pas choisir et je n’ose deviner. Cependant, il faut en finir une bonne fois pour toutes avec les « si »d, les « mais » et les « car des chances de CHUTER ». Mme Doi écrite si vite et si mal qu’é va avoi bientôt fini. Voilà ce que votre bonne amie me dit chemin faisant. Mais moi je lui chatouille ses petits noux noux, ce qui lui fait pousser d’affreux cris.
Jour Toto. Je vous attends sur la brèche, nous verrons de quelle manière vous vous en tirerez. En attendant, je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 205-206
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « danger ».
b) « sauf ».
c) « Quand ».
d) « ci ».
e) « écris ».

Notes

[126 février [1839] : date de l’anniversaire de Victor Hugo.

[2À élucider.

[3À élucider.

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