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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 septembre [1838], vendredi après-midi, 2 h. ¾

Mon cher petit bien-aimé, je vous prie de me rapporter mon canif qui n’est pas de Bagdad mais qui ne m’en sert que plus à tailler mes plumes. Si vous ne me l’apportez pas d’ici à demain, je ne pourrai plus vous écrire à moins de me servir de mon bouchon de carafea. Et puis si vous voulez me donner votre manuscrit pour étudier le rôle de la Reine, vous m’obligerez en ce sens que ce sera une étude pour moi, ce qui ne peut pas me nuire dans aucun cas. Ne bâillez pas si vous pouvez, et apportez-le-moi très tôt. Il continue de pleuvoir comme plusieurs rasoirs et vous n’avez aucun parapluie, ce qui vous permet de boire tout l’eau dans vos habits comme [les souliers de navet sur les trains de la rivière [1]  ?]. Tâchez de ne pas trop vous enrhumerb à ce métier-là et de trouver un Don César potable. Tâchez aussi de venir souper avec moi parce que c’est très gentil. J’étais souffrante ce matin, mon cher adoré, c’est ce qui m’a empêchée d’être très AIMABLE, mais vous l’avez été pour moi en bâillant d’une manière tout à fait significative et ravissante. VOUS AVEZ BIEN RI et moi aussi, car je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 247-248
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « caraffe ».
b) « enrhumé ».


21 septembre [1838], vendredi soir, 8 h.

Il n’est pas tout à fait aussi tard que le dit ma pendule, mon adoré. Je vous écris avant mon dîner et après une visite domiciliaire à tous mes autographes à qui je viens d’assigner des logements respectifs à chacun d’eux. Par la même occasion ce soir, je chercherai les papiers relatifs à Jourdain. Je vous aime, mon Toto, je vous aime de tout mon cœur et bien plus que de toutes mes forces. Je voudrais être sûre que vous viendrez ce soir et savoir que vous pensez à moi, pour être moins triste. Vraiment, mon petit homme, rapportez-moi mon canif. Je ne peux plus du tout écrire, cela me gêne horriblement, moi qui écris si bien ordinairement ! Je ne ris pas, je n’en ai pas envie. Je voudrais bien savoir si vous êtes tiré d’affaires, donc César m’inquiète et le Saint-Firmin [2] ne me rassure pas. Voilà mon opinion littéraire et politique. Maintenant baisez-moi, aimez-moi si vous pouvez, et venez tout de suite.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 249-250
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

Notes

[1On ne comprend pas, mais la lecture n’est pas douteuse.

[2C’est Saint-Firmin qui jouera le rôle de Don César.

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