Guernesey, 9 novembre 1857, lundi soir, 8 h.
Malgré ta bonne promesse de revenir ce soir si tu peux t’échapper de chez les Duverdier avant dix heures, je n’espère pas te revoir avant demain matin, mon doux adoré, car il ne me paraît pas possible que tu puisses t’absenter, même pour quelques minutes, de chez tes hôtes attentifs. Aussi je me résigne le moins mal que je peux à ton absence en pensant à toi, en t’aimant et en te le gribouillant de toute mon âme. À partir d’aujourd’hui je rentre dans mes habitudes d’amour et de restitus pour n’en plus sortir jusqu’à ma mort. De ton côté, mon cher petit homme, il faut reprendre ton petit train-train d’homme aimé et de MAÎTRE adoré en venant travailler et te reposer depuis le haut jusqu’en bas de ta ravissante petite maison. Maintenant tu ne crains plus d’être dérangé par personne et tu sais quel bonheur ce sera pour moi de te voir aller venir et surtout RESTER depuis le matin jusqu’au soir. Sans compter la COPIRE que tu m’as promise pour bientôt et dont je me lèche déjà d’avance à la barbe… de ma plume. En attendant j’admire de tous mes yeux les belles choses dont tu m’as entourée et je t’en remercie avec toute mon âme, tout mon cœur et tous mes baisers.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 198
Transcription de Chantal Brière