Paris, 5 décembre [18]73, vendredi soir, 3 h. ¼
Mes gribouillis se suivent et se ressemblent tellement au point de vue de mon cœur, mon cher grand bien-aimé, qu’il n’y a pas lieu de regretter ceux d’entre eux qui se perdent on ne sait où, dans le néant ou dans l’infini, parmi les détritus terrestres ou dans les espaces azurésa. Quel que soit le sort, si mes pauvres pattes de mouche, je ne les plains pas, puisqu’elles ont eu l’honneur d’être chargées de te porter mon amour à leurs risques et périls. J’espère qu’il n’en sera pas de même pour celles-ci qu’elles ne dévierontb pas du droit chemin de mon cœur au tien. Je suis bien aise que tu aies retrouvé ton compte, car rien ne me trouble plus que cette espèce d’erreur quand par hasard elle se produit. Aussi suis-je très contente que tu aies pu rectifier séance tenante ton encaisse et ta dépense. Quant à moi, je mets mon [plusieurs mots illisibles] seul chiffre : je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 339
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « azurées ».
b) « dévierons ».